The Words of Negroes

Paroles des Nègres

Le Cachot

L’emprisonnement est couramment utilisé par les maîtres pour punir les esclaves fugueurs et pour d’autres délits domestiques (manque de zèle au travail, effronterie, vol, etc.). Bien qu’il ne soit pas reconnu comme un instrument de discipline dans le Code Noir, l’usage du cachot est sinistrement répandu dans les plantations et les maîtres y semblent particulièrement attachés. 

 

Certains maîtres enferment même systématiquement les malades, qu’ils soupçonnent d’être des simulateurs. Ces cachots peuvent prendre des formes très diverses : locaux construits à cet effet, salles désaffectées aménagées en prison, ou encore, comme dans le cas de Vallentin, un espace spécialement aménagé à côté de la sucrerie, ressemblant à un tombeau.

Outre l’étroitesse, la chaleur et l’humidité mortelle, Vallentin en  a fait obstruer le soupirail  pour éviter que Sébastien ne s’échappe.

Cyrille, maçon : 

En 1838, je fus chargé par M. Vallentin de boucher le trou du cachot, par où le nègre avait cherché à se sauver. Je lui proposai d’y pratiquer des évents, il me répondit que c’était inutile, parce qu’il avait donné l’ordre à un ouvrier qui, je crois, est Jean Laurent, de prendre une vrille pour faire des trous dans les portes. Je n’ai pas vu ces trous. Il me fit observer aussi qu’il ne voulait pas rétablir le soupirail, parce que Sébastien pourrait, de nouveau, tenter de s’évader.

Au cours du procès, Vallentin et ses soutiens donnent une description du cachot qui est contredite par celle des esclaves. A plusieurs reprises, le cachot est présenté comme une peine moins sévère que le fouet, comme une quasi-mesure de clémence. 

Pourtant, Sébastien craint tellement le cachot qu’il demande à son maître de le tuer sur place…