The Words of Negroes

Paroles des Nègres

Le Sucre

Pendant les trois ou quatre mois que dure la campagne sucrière, l’usine tourne à plein régime. Le temps presse, la canne jonche les champs, la « richesse » – le taux de sucre du jus de canne qui détermine le prix payé à la tonne – s’évapore au soleil.

Presque tous sont aussi planteurs et  sont doublement liés à un cycle implacable : cultiver la canne pour faire tourner l’usine, faire tourner l’usine pour écouler la récolte. 

Lorsque cette course s’arrête enfin, les saisonniers sont renvoyés à leur petite exploitation agricole, à leur deuxième travail et les plus jeunes à l’agence Pôle Emploi. 

Les permanents commencent alors à démonter pièce par pièce les machines pour les remettre en état. C’est le long temps de l’atonie, du silence et des doutes. Cette période n’a pas d’autre nom que celui d’inter-campagne, comme s’il n’existait pas vraiment d’autres réalité qui vaille que cette fièvre du sucre qui les reprendra tous …